Peu de temps après m’être mis au vélo pour mes trajets quotidiens, j’ai cofondé l’association Vélo Piéton Châtillon (VPC) en février 2018, située à Châtillon dans les Hauts-de-Seine, pour la défense et la promotion des mobilités actives.
La semaine dernière, je n’ai pas renouvelé le nom de domaine vpchatillon.fr que je finançais depuis 7 ans. Depuis le 28 mars, le site de l’association que j’hébergeais également n’est donc plus accessible.
Heureusement, il subsiste quelques personnes encore motivées. Il manque encore toutefois des candidat(e)s pour reconstituer un bureau complet. Je leur ai donné les clés de l’association et elles seront maintenant libres de redémarrer tout cela à leur guise !
C’est une page qui se tourne pour moi, même si je n’étais plus impliqué dans VPC depuis plusieurs années. Le moment se prête à mon exercice habituel de bilan et de retour d’expérience.
Bilan de l’association
Pour refaire un peu l’historique de VPC, tout à commencé par une initiative de Julien sur Twitter en février 2018. À cet appel, nous avons été plusieurs à répondre. Le 22 février 2018, nous nous sommes rencontrés et l’association, de fait, Vélo Piéton Châtillon (VPC) était née.
Nous sommes partis du constat de la place trop importante donnée à la voiture et aux scooters, au dépens des piétons et des cyclistes à Châtillon. Nous nous étions notamment donné l’objectif de militer pour l’arrivée du Vélib à Châtillon et de peser aux municipales de 2020. Nous espérions amener le sujet dans la campagne dans l’espoir de faire changer les choses.
Nous avons été très actifs pendant un peu plus de deux ans, avec de nombreux événements et opérations.

Tout a commencé par du tractage au marché, sur la D906 et la coulée verte, lieux de passage important des cyclistes rejoignant Paris. C’était l’occasion de se faire connaître et de faire grossir nos rangs.
L’association nous a donné l’occasion de rencontrer de nombreux usagers et cyclistes militants lors d’apéros et réunions au centre socio-culturel Guynemer.
Fin 2018 nous avons enfin rencontré le maire et son équipe. Nous avons réalisé un dossier complet pour accompagner la municipalité dans l’installation de panneaux « cédez le passage cycliste » (M12), déjà présents dans de nombreuses communes limitrophes.
Nous avons également tissé des liens avec les autres associations locales et nous avons participé aux réunions préparatoires qui ont débouché sur la création du Collectif Vélo Ile-de-France, lancé mi-mars 2019.
L’événement qui aura marqué l’association est l’agression de Brice, notre président, par un conducteur de scooter à Châtillon. Tous choqués et en colère, nous avons organisé deux rassemblements, couverts par Le Parisien, BFM TV et Le Figaro.

En mars 2019, j’ai mis en place une instance de l’application Vigilo. Tout d’abord à Châtillon puis ensuite étendue à tout Vallée Sud Grand Paris (11 communes) le 13 mai 2019. Cette application collaborative citoyenne développée initialement par des cyclistes de Montpellier était destinée à cartographier les difficultés quotidiennes rencontrées lors de leurs déplacements par les usagers les plus vulnérables. Cyclistes mais aussi piétons, PMR, trottinettes. L’application était également ouverte aux automobilistes et deux-roues motorisés souhaitant remonter des observations. L’outil remontait pour l’essentiel des incivilités récurrentes, des problèmes d’entretien et d’aménagement du réseau.
J’ai organisé un lancement officiel, avec communiqué de presse, le 23 avril 2019 où se sont joints Vélocité Grand Montpellier et la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette).
J’ai présenté l’outil à l’équipe municipale, mais n’ai pas reçu un accueil très positif. Je me suis tout de même beaucoup amusé à créer de nombreuses infographies et animations à partir de toutes les données collectées. J’ai contribué au projet du backend et appris pas mal de choses à l’époque notamment sur la mise en production d’applications avec Docker.
Au bout d’un an d’existence et après avoir dépassé la centaine d’adhérents, nous étions limités par l’absence de structure légale. Nous avons alors créé une association loi 1901, le 15 avril 2019. La déclaration est alors parue au Journal Officiel le 27 avril 2019 et je suis devenu « officiellement » le secrétaire de l’association.
En juin 2019 nous avons organisé notre plus gros événement, en participant à la convergence francilienne et en organisant un départ de Châtillon (branche rouge).

Nous avons participé à notre première journée des associations en septembre 2019 où nous avons reçu 70 nouvelles adhésions.

Surfant sur la grève des transports en décembre 2019 nous avons proposé de l’aide aux personnes souhaitant se rendre sur Paris à vélo. Concept du « covélotaf » ou « vélobus ».
En février 2020 nous avons organisé notre premier atelier vélo !
De janvier à mars 2020, nous avons mis notre nez dans la campagne des municipales, en appelant les candidat(e)s à partager leur programme relatif aux mobilités. Nous n’avons reçu la réponse que d’une seule candidate, que nous avons naturellement publié. À défaut de réponse des autres candidat(e)s, nous avons été pris pour cible et accusés de manque de neutralité…
En mars 2020, le Covid est passé par là et a freiné nos ardeurs. Mais nos activités ont doucement repris avec le déconfinement et les coronapistes. Puis avec l’organisation de premières sorties à vélo.

Mon dernier événement aura été la seconde participation à la journée des associations, le 12 septembre 2020.

Quelques initiatives ont été lancées depuis. Notamment l’organisation avec Les Dérailleurs de Clamart d’une bourse aux vélo le 29 mai 2020 au stade municipal de Châtillon, la participation à la convergence francilienne en juin 2022 mais aussi à plusieurs ateliers de réparation.
Pour ma part c’est en septembre 2020 que j’ai arrêté toute implication dans l’association.
Coup de frein
Collectif
Plusieurs facteurs ont contribué collectivement à l’essoufflement de l’association. Tout d’abord, le Covid a stoppé net nos activités. Et cela à plusieurs reprises à l’occasion des trois confinements de 2020 et 2021. Nous étions majoritairement en télétravail et n’utilisions plus le vélo pour nous déplacer. De fait, le vélo tenait bien moins de place dans nos quotidiens.
La municipalité de Châtillon a changé de bord en juin 2020. Suite à cette élection nous avons « perdu » 3 membres fondateurs qui ont rejoint l’équipe municipale. Nous ne pouvions pas espérer mieux pour œuvrer en faveur des mobilités à Châtillon, mais cela a néanmoins contribué à mettre un coup de frein à l’association. Par ailleurs, malgré notre effort de neutralité, VPC a été rapidement cataloguée « nouvelle municipalité », ce qui avait déjà commencé lorsque nous avions partagé le programme de l’unique candidate ayant répondu à notre appel. Et comme c’est elle qui fut élue…
Nous avons eu des départs de la commune de membres fondateurs et certains ont eu également des enfants, à commencer par moi. Ce qui a réduit le temps libre dont j’avais à ma disposition.
Pour certains, le travail fut également très prenant sur cette période post-covid.
Pour finir, nous nous sommes confrontés à une réalité très concrète. Il est facile de donner des avis et d’émettre des critiques. Mais nous avons manqué de capacité à faire des propositions avec plus de fond. Nous aurions eu besoin de personnes compétentes ou ayant suffisamment de temps pour le devenir, comme des retraités. Nous aurions pu nous positionner de façon constructive avec la nouvelle municipalité fin 2020, mais nous avons manqué le coup, faute tout simplement de capacité à le faire.
Personnel
Twitter était notre outil principal de communication mais était surtout propice au clash permanent, créant une sorte de bulle de négativité qui était très pesante à la longue et souvent démotivante pour moi.
L’outil Vigilo avait les mêmes travers à sa façon. Le projet n’a pas été très bien accueilli par tout le monde. J’ai dû me battre contre les accusations et allusions à la délation « digne de la France 1940 à 1945 ». Las de devoir expliquer la subtilité entre dénonciation et délation, j’ai fini par laisser mourir l’outil en ne renouvelant pas le nom de domaine associé : velosudgrandparis.fr
Militer « contre » draine beaucoup d’énergie et je suis arrivé à un stade ou j’aspirais à un contexte plus constructif et positif. L’année 2020 fut par ailleurs très chargée professionnellement et personnellement pour moi, avec un enfant en bas âge.
Apprentissage
À titre personnel, cette expérience fut vraiment très enrichissante. Après avoir emménagé à Châtillon, cela tombait particulièrement bien pour faire des rencontres locales. J’ai donc fait la connaissance de beaucoup de personnes. J’ai énormément appris avec VPC, notamment en termes de communication, mais aussi humainement, techniquement et même politiquement.
- Administration des réseaux sociaux de l’association (Twitter & Facebook) : J’ai appris à gérer une page Facebook, à user des codes des réseaux sociaux notamment Twitter pour générer le buzz et l’adhésion ;
- Relation avec la presse : J’ai pu apprendre à faire un communiqué de presse, à échanger avec des journalistes et les mettre en relation avec des personnes à interviewer suivant les besoins ;
- Création de supports physiques : Grâce aux flyers, kakémono et autres supports de communication, j’ai vu à quel point les supports visuels et physiques contribuaient à la visibilité lors d’événements. J’ai par ailleurs appris à tracter dans la rue ;
- Organisation d’événements : Ateliers, manifestations, convergence francilienne, etc. J’ai appris à gérer un cortège de manifestation de cyclistes et à faire des pancartes ;
- Communication à nos adhérents : J’ai pu pratiquer la rédaction et la distribution de newsletter à nos adhérents via mailchimp ;
- Administratif : Mon rôle de secrétaire a été très formateur. Je sais maintenant rédiger des statuts, les déposer en préfecture et rédiger des Procès Verbaux d’Assemblée Générale. Je sais surtout à présent comment gérer une association ;
- Gestion des adhésions : Je sais maintenant gérer des campagnes d’adhésion avec Hello Asso et récolter en banque les dons des adhérents.
- Gestion d’un serveur d’application (Vigilo) : Mise en place et administration d’un serveur fournissant un service dont dépend une application mobile.
- Politique locale : J’ai mis un peu le doigt dans les mécanismes de politique locale. Bien qu’apartisane, VPC était clairement une association politique. À minima, cela m’aura donné une meilleure compréhension des fonctionnements et enjeux politiques entre les communes, les EPT (Établissements publics territoriaux), le département et la région.
Conclusion
Si je devais recommencer l’aventure, je ne changerais pas tant de choses que ça en y réfléchissant bien. Nous avions une super équipe très complémentaire.
- Je ferais néanmoins plus attention lors de la rédaction des statuts pour ne pas me retrouver bloqué dans certaines situations. Notamment celle dans laquelle nous nous étions retrouvés. Sans bureau (les mandats étant tous échus) et sans membres officiels, redémarrer l’association relevait du parcours du combatant, administrativement parlant.
- Je mettrais plus d’énergie à aller chercher et identifier de nouveaux membres actifs. Il est facile de trouver des sympathisants et obtenir des dons de cette façon. Par contre, trouver des personnes prêtes à donner de leur temps et de leur énergie est bien plus difficile. On peut alors se retrouver avec plein de membres sympathisants mais plus personne pour mener d’actions. Il me semble ainsi crucial d’avoir toujours cela en tête pour garantir le renouvellement du bureau et maintenir en vie l’association sur le long terme.
- Je chercherais, je pense à avoir plus de diversité (profils et âge) dans le groupe et surtout à motiver des retraités à nous rejoindre.
- Je ferais attention à ne pas vivre les choses trop au travers des réseaux sociaux et d’aller plus à la rencontre des personnes en chair et en os.
- Le temps est précieux et il convient absolument d’automatiser un maximum de tâches. Par exemple, nos adhésions HelloAsso n’étaient pas reliées aux newsletters Mailchimp. Il fallait répercuter manuellement les adhésions dans la newsletter. Ce qui était source d’erreurs et d’oublis. Des nouveaux adhérents pouvaient alors se retrouver sans aucune nouvelle suite à leur adhésion. Il est important aussi de bien accueillir les nouveaux membres pour les intégrer dès leur adhésion et ne pas vivre dans la bulle du Conseil d’Administration.